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LES SEIZE ANS DE LA PRINCESSE

Tandis que le maître, resté un peu en arrière, parlait ainsi à son ministre, Fiaki descendait de son char ; à cet instant, le fils du prince de Satsouma, qui venait d’arriver au palais avec une brillante escorte, s’avança pour la saluer. C’était un jeune homme plein d’élégance et de beauté, et tellement brave que, malgré sa jeunesse, il avait déjà fait parler de lui ; mais, en ce moment, il était très ému, très pâle, comme tremblant de peur ; la jeune fille, au contraire, rougissait et, pour cacher cette rougeur, enfouissait son visage dans les fleurs qu’elle tenait à la main. Le ministre montra d’un geste les jeunes gens au Daïmio ; lui fit remarquer ce trouble étrange, qui les laissait tous deux comme interdits.

— Quand les dix-sept ans de votre fille sonneront, dit-il, donnez-lui pour époux ce charmant prince, et elle l’aimera plus encore qu’elle n’aime le printemps.

Le prince tendit au ministre un bijou de bronze incrusté d’or.

— Tiens, dit-il, voici la clé de mes trésors ; prends ce que tu voudras, et ne t’avise pas d’être discret.