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LES SEIZE ANS DE LA PRINCESSE

Le Daïmio, très surpris, respirait, en effet, des odeurs charmantes.

C’est que des cassolettes étaient dissimulées dans le harnachement des bœufs, et la fumée qui s’en exhalait se confondait avec celle formée par l’haleine des animaux.

On s’en alla loin dans la campagne ; Fiaki, au comble du bonheur, ne se lassait pas. Elle demanda à ne pas revenir au palais par le même chemin ; était-ce possible, cela ? Le prince, un peu inquiet, regarda le ministre ; celui-ci demeura impassible.

— La princesse désire-t-elle rentrer par les collines ou par les vergers ? dit-il.

— Par les vergers, répondit la jeune fille c’est plus loin, mais ce doit être bien plus beau.

On prit par les vergers et, en effet, c’était plus beau encore que ce qui s’était montré jusque-là.

Mais voici qu’un prunier rose attira spécialement l’attention de la princesse.

— Ah ! je veux emporter une branche de cet arbre-là ! s’écria-t-elle ; je veux un souvenir de cette féerique promenade.

— Pour le coup, la supercherie va être découverte, pensa le prince en jetant un regard de détresse au ministre.

Le ministre n’avait ni pâli ni tremblé.

— À moi l’honneur de la cueillir pour vous, disait-il en s’inclinant devant la jeune fille.

Il piqua son cheval, courut au prunier, et revint