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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR

gneurs à cheval, les femmes nobles dans des chars traînés par des bœufs, ou dans des norimonos. La cour sortait des palais, se réunissait sur les terrases. Fiaki se hâta de descendre.

Le prince, tout riant de plaisir, la reçut au bas des degrés. Les larmes aux yeux, elle se jeta dans ses bras en s’écriant :

— Père ! père ! tu vois bien que tu es un dieu !

Il proposa une promenade dans le parc et dans la campagne, pour admirer ce magique printemps.

La princesse, toute joyeuse, battit des mains, et son char magnifique, en forme de pavillon, blasonné de boules d’or figurant une étoile, et traîné par deux bœufs blancs, s’avança au pied de la terrasse ; ceux des filles d’honneur vinrent ensuite, puis toute la cour suivit et les visiteurs aussi ; ce fut une brillante, joyeuse et interminable procession.

Le prince, à cheval, escortait sa fille ; il avait auprès de lui le premier ministre, grave et impassible dans son triomphe.

C’était un enchantement, tout le long du chemin ; la tiédeur du soleil, la fine brume dorée qui voilait un peu la nature, rendaient complète l’illusion ; on admirait un printemps plus riche, plus fleuri encore que le vrai printemps.

— Et quels parfums délicieux flottent dans l’air ! toutes ces fleurs, cela embaume ! disait la princesse, qui, à chaque moment, penchait sa jolie tête hors du char, pour mieux voir.