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LES SEIZE ANS DE LA PRINCESSE

Il frappa sur un gong suspendu à un cordon de soie, tenu du bout des dents par une chimère de bronze.

Aussitôt les panneaux formant les murailles glissèrent sans bruit, s’écartèrent à demi, laissant voir des perspectives de salles, emplies par les samouraïs de service, les pages, les gardes, les serviteurs. Les samouraïs, nobles vassaux portant deux sabres, s’inclinèrent profondément, tandis que pages et serviteurs se prosternaient, front contre terre.

— Je vais chez ma fille, dit le Daïmio.

Alors une escorte se forma, et des gardes coururent en avant, pour avertir les pages de la princesse.

Fiaki, c’est-à-dire Rayon de Soleil, dans une salle bien close de son palais particulier, était assise sur les nattes blanches du sol, et les plis de ses magnifiques robes, à traînes immenses, étaient disposés symétriquement autour d’elle, en éventail, en flots, en collines ; il y avait toutes sortes de tissus, de diverses nuances, très douces ! mais l’étoffe la plus abondante était de satin couleur ciel d’été, avec de fines broderies noires, figurant des toiles d’araignées dans lesquelles s’étaient pris des pétales de fleurs.

Le visage de la jeune fille était blanc comme de la crème, sa petite bouche un peu épaisse, avivée de fard, s’entrouvrait en découvrant deux rangs de grains de riz ; elle avait les sourcils rasés et remplacés par deux petites taches noires faites au pinceau et placées très haut sur le front ; suivant la mode des princesses, ses longs cheveux, dénoués, ruisse-