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LES SEIZE ANS DE LA PRINCESSE


Comme c’est l’hiver et qu’il fait froid, on a fermé, autour du prince, les panneaux de bois précieux, menuisés avec une minutie et un art incomparables, et cela rend toute petite la salle dans laquelle il est assis, rêveur, le bras posé sur un accoudoir revêtu de nacre.

Plusieurs belles robes, ouatées d’un duvet de soie, superposent et croisent leurs collets, de différentes couleurs, sur la poitrine du Daïmio, et l’on voit, près de l’épaule, brodée en or sur la manche, une espèce d’étoile formée de cinq boules en entourant une sixième. C’est là le blason bien connu de la très illustre famille de Kanga, qui n’a d’égale en puissance, dans toutes les îles du Japon, que celles de Shendaï et de Satsouma.

Oui, ce prince, qui médite au fond de son palais, est très puissant, très riche, très renommé ; son peuple l’admire et le craint, ses vassaux sont prêts à