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LE PARAVENT DE SOIE ET D´OR

seulement des trésors du roi, réservant pour elle les peintures, les objets d’art, toutes ces choses délicieuses, créées par la Chine, et que le Japon ne sait pas faire encore.

Au désespoir la joie succède, on acclame la conquérante magnanime, qui, elle, cherche sa récompense dans les yeux du beau Také-Outsi, de plus en plus troublés d’admiration et de tendresse.


Il y a aujourd’hui plus de treize siècles que la glorieuse Zin-Gou-Gvo-Gou rentrée triomphalement dans sa capitale, donna le jour à un fils, et poursuivit le cours d’un règne long et heureux. Et ne dirait-on pas que, dans le Japon moderne, si avide de progrès, si différent de l’ancien, rien n’est changé, cependant ?

Les soldats ne portent plus le casque noir, agrémenté de cornes brillantes ; au lieu de l’arc « d’invention récente », qui lançait des pierres, ils ont les canons et les fusils les plus perfectionnés ; mais ce sont toujours les mêmes héros intrépides, dédaigneux de la vie.

Le Mikado qui règne aujourd’hui, Mitsou-Hito, l’Homme Conciliant, de la dynastie divine qui, selon la formule officielle, règne sur le Japon « depuis le commencement des temps et à jamais », descend directement de l’illustre impératrice Zin-Gou. Le cycle inauguré par son avènement s’appelle Mé-Dgi,