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LE PARAVENT DE SOIE ET D´OR

corne noire dont les lamelles, jointes par des points de soie pourpre, retombent plus bas que les genoux, sur l’ample pantalon de brocart blanc à dessins nuageux, serré à la cheville. Elle a des épaulières de velours noir et d’énormes manches, très majestueuses, qui, descendant jusqu’à terre, forment comme un manteau ; elles sont faites d’une étoffe semée de fleurettes d’or disposées en losange et la doublure est de satin uni.

Un chrysanthème d’or ciselé brille sur le devant de l’armure ; la haute coiffure conique est retenue par une ganse de soie, nouée sous le menton, la hache d’arme est passée à la ceinture, à côté des deux sabres, et la guerrière s’appuie sur une canne d’ivoire et d’or, longue comme une pique.

Sous le vent, les voiles se tendent, les lames balancent les navires, tandis que Zin-Gou, les regards perdus dans l’espace, s’écrie :

— Voyez ! Voyez ! Le dieu marin ! Foumi-Yori-Mio-Zin se fait notre guide et marche devant nous !

Elle est seule à apercevoir le Dieu de la mer ; mais nul ne doute de sa parole.


Le roi de Corée tremble et pleure au fond de son palais. Ses États sont envahis, ses soldats sont défaits. Devant l’armée invincible des Japonais, aucune résistance n’était possible, et lui-même, avant de combattre, il se sent vaincu.

Déjà les conquérants ont pris la ville. L’Impéra-