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LE PARAVENT DE SOIE ET D´OR

Les lanciers marchent d’abord, cuirassés, coiffés du casque à visière, évasé autour de la nuque et orné au-dessus du front d’une sorte de croissant de cuivre, la lance au poing, un petit drapeau planté derrière l’oreille gauche ; les archers viennent ensuite, le front ceint d’un bandeau d’étoffe blanche, dont les bouts flottent en arrière, le dos hérissé de longues flèches, tenant à la main le grand arc laqué. Un nouveau corps d’archers est joint à ceux-ci et les soldats qui le composent portent un arc de forme singulière, à l’aide duquel on lance des pierres et qui est d’invention récente.

Les hommes de pied s’avancent après eux, armés de hallebardes, de glaives à deux mains, de haches : ils ont le visage couvert de masques noirs et grimaçants, hérissés de moustaches et de sourcils rouges, des casques ornés d’antennes de cuivre ou de grandes cornes de cerfs ; d’autres se cachent sous un capuchon de mailles qui ne laisse voir que leurs yeux. Et au-dessus de ces troupes en marche, on voit osciller tout un fouillis de bannières et d’insignes des formes les plus variée.

L’Impératrice, sur un beau cheval, dont la crinière tressée forme comme une crête, les pieds dans de grands étriers ciselés, marche la première, et l’on arrive ainsi au bord d’une rivière appelée Matsoura-Gawa.

Alors La belle Zin-Gou ordonne une halte. Elle est femme toujours, et une idée singulière lui