« Le libraire Sang-Yong, saisi dans les rues de Canton revêtu d’un costume dont la couleur est réservée au Fils-du-Ciel et aux grands fonctionnaires de l’empire, est condamné à recevoir cent coups de gros bambou. »
Puis suivait la relation des circonstances dans lesquelles le crime avait été découvert.
— Voilà une singulière histoire, dit le gouverneur, lorsqu’il eut achevé sa lecture ; pourquoi cet honnête commerçant s’est-il rendu coupable de ce méfait, sans profit pour lui ? Ignorait-il la peine qu’il encourait ?
Près de lui, Princesse-Blanche se tordait de rire. Tchin-Tchan se retourna brusquement vers elle.
— Eh ! quoi ! méchante enfant, s’écria-t-il, tu te réjouis d’une façon aussi immodérée à propos d’un pauvre homme qui va recevoir cent coups de gros bambou ?
— Ne me gronde pas, père vénéré, dit Princesse-Blanche, car je puis t’apprendre, moi, pourquoi cet humble libraire s’était ainsi travesti en mandarin.
— Vraiment ! tu me ferais plaisir en me disant ce que tu sais.
La curieuse A-Tei, s’était rapprochée de sa maîtresse, celle-ci lui jeta un regard d’intelligence.
— Le mandarin Sang-Yong n’est autre qu’un honnête marchand, fort épris d’A-Tei, dit-elle, il la prenait pour une princesse, et afin d’atteindre son cœur, il s’était fait mandarin.