Page:Gautier - Le Paravent de soie et d’or, 1904.djvu/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.
220
LE PARAVENT DE SOIE ET D´OR

Blanche, que sa mère s’appelle Tsing, et que son père est L’illustre Tchin-Tchan, gouverneur de Canton. Moi, je m’appelle A-Tei, j’ai dix sept ans et je ne suis pas mariée. Nous te remercions et nous acceptons ton offre avec empressement.

Au nom de Tchin-Tchan, le visage de Sang-Yong avait pâli.

— A-Tei, A-Tei ! dit Princesse-Blanche, ce n’est point cela que je t’ai ordonné de dire.

— Pardon ! pardon ! maîtresse, je vais lui expliquer que je me suis trompée.

— Et conseille-lui de se retirer, ajouta Princesse-Blanche ; car il n’est pas convenable qu’un homme se promène ainsi près de deux jeunes filles.

— Honorable mandarin, dit A-Tei à Sang-Yong, ma maîtresse m’ordonne de te faire entrer, afin que ta bonté retire le volant de l’eau.

— Petite misérable, c’est moi qui te ferai fouetter !

— Ah ! maîtresse, il est si joli…

Princesse-Blanche regarda à travers les branches de son éventail, tandis que A-Tei ouvrait une petite porte cachée dans la palissade ; elle faillit éclater de rire en apercevant la figure réjouie et bouffonne du bon libraire.

— A-Tei, dit-elle, a des goûts singuliers.

Lorsque Sang-Yong fut entré, il adressa mille salutations à la noble jeune fille, qui commanda à sa servante de les lui rendre ; puis il cassa une tige de bambou et il se disposa à rattraper le volant. D’abord.