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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR

Et d’un bond elle s’élança dans le fleuve.

L’empereur poussa un cri terrible.

Les jonques arrivèrent rapidement, plusieurs hommes se jetèrent à l’eau et plongèrent. Hoaï-Tsong ne quittait pas des yeux la place à laquelle Lon-Foo avait disparu.

— Là, cherchez là… disait-il.

Les plongeurs reparurent, puis plongèrent de nouveau.

Plusieurs minutes s’écoulèrent qui semblèrent des siècles aux assistants. L’empereur trépignait de rage et de douleur.

Ce ne fut qu’au bout d’une heure que l’on ramena la jeune fille à la surface de l’eau. Elle avait cessé de vivre.

Au moment où le cadavre de Lon-Foo était déposé sur le rivage, un guerrier tout armé arriva au grand galop de son cheval ; il mit pied à terre et se fit jour à travers la foule.

En apercevant Lon-Foo étendue sans vie sur la rive, il poussa un cri et s’agenouilla près de la jeune fille.

— Ah ! mon amie, s’écria-t-il, tu as tenu ta parole, tu es morte pour rester fidèle à ta promesse, et voici que tu es comme une fleur du printemps surprise par la gelée blanche : je n’aurais pu te sauver de l’empereur, mais j’arrive assez tôt pour mourir avec toi ; la main est tiède encore, ton âme attend son compagnon de voyage et voltige auprès de nous.