L’empereur fut donc informé que celle qu’il cherchait était sans doute cette jeune batelière dont personne ne connaissait l’origine.
Hoaï-Tsong voulut se convaincre par lui-même et, sous un déguisement, il se rendit au bord du fleuve, à l’endroit qu’on lui indiqua.
Au moment où l’empereur s’approcha du chan-pan, Lon-Foo, étendue à l’ombre de la cabine, chantait à demi-voix une chanson qu’elle avait composée en songeant à Li-Tso-Pé. L’empereur prêta l’oreille et entendit ceci :
« Depuis que tu m’as quittée, je n’habite plus sur terre. Pendant le jour et pendant la nuit, l’eau limpide du fleuve Bleu me berce.
« Le souffle de l’automne a changé la verdure en or. Où donc est le temps où nous causions à travers les branches, tandis que les feuilles jaunies tombaient légèrement ?
« Tous les trésors de l’empereur valent-ils le devoir accompli ? Toute sa puissance pourrait-elle effacer la promesse faite aux morts ?
« Où donc es-tu ? Que fais-tu pendant que mes larmes, goutte à goutte, tombent dans le fleuve ? »
— Bien, dit l’empereur lorsque Lon-Foo eut cessé de chanter. Je sais maintenant pourquoi elle s’est enfuie et me dédaigne.
Il entra dans la barque et Lon-Foo se releva vivement.