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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR

tu as reçu ce matin les présents, celui qui m’envoie vers toi, est l’homme devant qui tout ploie et tremble, le maître de notre vie à tous, l’empereur de la Chine !

— L’empereur ! s’écria la grand’mère en s’affaissant sur une chaise.

— Oui, le Fils-du-Ciel lui-même ! dit le mandarin ; il a vu Lon-Foo revenant du cimetière et lui fait savoir qu’il veut la prendre pour femme, et que demain un cortège magnifique viendra la chercher pour la conduire en grande pompe au palais impérial. J’espère, ajouta le haut fonctionnaire, que lorsqu’elle sera l’épouse favorite de notre maître, la belle Lon-Foo n’oubliera pas le messager qui lui a porté le premier la bonne nouvelle.

Et, après de nouvelles salutations, le mandarin s’éloigna sans que Lon-Foo, atterrée, eût prononcé une parole.

L’ahurissement joyeux de la grand’mère était si profond qu’elle ne remarqua pas la tristesse et l’épouvante de Lon-Foo. Elle envoya quérir toutes ses connaissances pour leur apprendre la merveilleuse nouvelle, et bientôt la maison fut pleine de monde. Lon-Foo se laissa complimenter sans paraître apercevoir ceux qui s’empressaient autour d’elle ; elle ne parlait pas et ne regardait pas. On crut que sa nouvelle position la rendait déjà fière et méprisante.

Lorsque, la nuit venue, Lon-Foo se fut retirée dans sa chambre, elle se laissa tomber sur une