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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR

— Qu’est-ce que cela ? s’écria la grand’mère en levant les bras au ciel ; qui dit que ce coffret est pour nous ?

— Il y a une lettre sous le cordon de soie qui ferme le coffre, dit un serviteur. Lon-Foo prit la lettre, écrite sur du papier rouge, et la déplia.

« À la belle Lon-Foo, quelqu’un de puissant offre ces objets sans valeur, » lut-elle à haute voix.

— Dieu Fo ! fit la grand’mère, quelqu’un de puissant ! comment peut-il te connaître ?

— Je ne sais, dit la jeune fille ; c’est sans doute une plaisanterie, et le coffre est rempli de pierres.

— Voyons ! dit la vieille en ôtant le couvercle. Les deux femmes poussèrent en même temps un cri de stupeur : un merveilleux collier de perles de Tartarie était roulé en plusieurs cercles au fond de la boîte, comme un serpent au repos ; les perles étaient grosses comme des pois, toutes semblables et d’une pureté sans pareille. Certainement, il eût été impossible de trouver un collier comparable à celui-là dans tout l’empire. Le coffret contenait encore des épingles de tête garnies de rubis et une parure complète : bracelets, agrafes, étuis pour préserver les ongles, en jade vert travaillé à jour avec une perfection exquise.

— Que tout cela est beau ! s’écriait la vielle femme en frappant ses mains l’une contre l’autre. Depuis que j’existe je n’ai jamais rien vu d’aussi magnifique !