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YU-PÉ-YA JETANT SA LYRE

employés, au printemps et à l’automne à l’entretien du tombeau de votre fils. De retour dans mon royaume, je demanderai ma retraite pour me retirer dans la solitude. Alors, je reviendrai dans ce village pour chercher mes vénérables parents, et les emmener dans ma demeure pour finir tranquillement vos jours. Car je suis Tse-Ky, et Tse-Ky c’est moi. J’espère que vous ne me considérerez pas comme le commun des hommes. En achevant ces paroles, Pé-Ya offrit au vieillard les vingt livres d’or. Puis, se prosternant, il versa encore des larmes, et le vieillard lui rendit son salut en pleurant. Puis, après s’être fait de longs adieux, ils se séparèrent.

Telle est l’histoire du noble Yu-Pé-Ya jetant sa Lyre.

Plus tard, on écrivit ces vers à sa louange :


« Celui qui s’attache par intérêt à un ami riche et puissant n’est pas un ami.

« Qui se souvient d’un exemple comparable à celui de l’amitié de Pé-Ya et de Tse-Tchi, dont les cœurs s’accordaient si bien ?

« Pé-Ya ne peut pas renaître, et Tse-Tchi n’existe plus ; et cependant la renommée, de siècle en siècle, nous redit l’histoire de la Lyre brisée. »