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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR

Pé-Ya se leva, rajusta ses vêtements et alla au-devant du vieillard pour le saluer. Celui-ci posa lentement son panier à terre, et, élevant ses mains jointes, rendit le salut.

— Monseigneur, dit-il, que désirez-vous m’enseigner ?

— Je veux vous demander laquelle de ces deux routes conduit au village de Tsé-Lien ?

— Ces deux chemins-là conduisent aux deux villages de Tsé-Lien. À gauche, c’est le haut Tsé-Lien ; à droite, c’est le bas Tsé-Lien. Ces deux routes ont chacune quinze lis de longueur. Mais je ne sais pas auquel des villages vous désirez aller ? Pé-Ya se tut, ne sachant que répondre. Il se disait :

— Comment mon frère, si intelligent, m’a-t-il renseigné d’une façon aussi vague ?

— Qu’est-ce qui préoccupe monseigneur ? demanda le vieillard ; sans doute qu’on ne lui a pas donné des indications précises ?…

— Oui, c’est cela, dit Pé-Ya.

— Il n’y a pas plus de huit ou dix maisons dans chacun de ces villages. — Quelques philosophes se cachent dans cette retraite paisible — Moi, vieillard, j’habite depuis longtemps la montagne, il n’est personne que je ne connaisse : les habitants, qui ne sont pas mes parents, sont mes amis. Je crois que monseigneur peut me dire chez qui il veut aller et le nom de celui qu’il veut voir ; je saurai certainement vous indiquer la demeure.