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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR

n’aurai garde d’y manquer. La lumière du jour est déjà claire et votre petit frère vous quitte,

— Restez encore un instant, dit Pé-Ya. Apportez-moi deux barres d’or, dit-il au domestique, sans les envelopper.

Et les offrant à deux mains à Tse-Tchi.

— Sage frère, dit-il, ce mince cadeau est seulement pour acheter quelques sucreries à vos nobles parents. Nous sommes unis comme la chair et les os, vous ne dédaignerez pas un si faible cadeau.

Tse-Tchi n’osa pas refuser et reçut le présent en faisant un double salut d’adieu ; il retint ses larmes et sortit du salon. Il ramassa ses habits de pluie et les suspendit à sa pique qu’il posa sur son épaule. Il franchit le pont volant ; Pé-Ya l’accompagna jusqu’au bord du navire et ils se séparèrent en pleurant.

Le tambour résonna et les matelots levèrent l’ancre.

Pé-Ya en s’en retournant ne prit plus garde aux beaux sites, il n’eut pas un regard d’admiration pour les fleuves ni les montagnes. Son cœur serré n’était empli que du souvenir de l’ami qu’il avait quitté.

Après quelques jours, il abandonna le bateau et continua son chemin par la voie de terre. En tous lieux on le recevait avec de grands égards et on lui préparait tout ce qui était utile au bien-être de son voyage, et il entra bientôt dans la capitale.

La fuite du temps est rapide. L’automne s’acheva :