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YU-PÊ-YA JETANT SA LYRE

— Votre petit frère n’ose pas promettre légèrement et risquer de ne pas être sincère, en ne pouvant tenir son engagement, dans le cas où ses parents ne lui donneraient pas la permission. Mon aimable frère, à quelque mille lieues de moi, pourrait attendre ma venue, sans qu’il me soit possible de l’avertir qu’elle n’aurait pas lieu. Ce serait une grave faute de ma part.

— Sage frère, vous êtes vraiment un homme de grande vertu ; alors ne parlons plus de cette visite, l’an prochain, je reviendrai voir mon sage frère.

— À quelle date de cette prochaine année mon aimable frère reviendra-t-il, pour que je puisse attendre son élégant cortège ?

Pé-Ya compta sur ses doigts.

— Hier soir était la fête de la mi-automne. Ce matin, l’azur de ce jour s’étend sur le huitième mois à son seizième jour. Sage frère, je reviendrai encore au même moment, aux environs de cette fête. Si, passé la seconde dizaine de ce mois, vous m’attendez en vain jusqu’à la fin de l’automne, tenez-moi pour un insensé.

Il dit à son secrétaire de bien prendre note de la résidence de son sage frère et de la date du rendez-vous.

— Oui, c’est cela, dit Tse-Tchi ; alors votre petit frère, après la fête de la mi-automne, sera debout, respectueusement, à vous attendre au bord du fleuve. Je