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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR

naient rares, tandis qu’une blancheur commençait à teinter l’Orient.

Déjà les matelots se levaient et disposaient les voiles et les cordages, se préparant à lever l’ancre.

— Il faut nous quitter, dit Tse-Tchi en se levant de son siège.

Pé-Ya prit à deux mains une tasse de vin et la tendit à Tse-Tchi, serra la main de Tse-Tchi et dit en soupirant.

— Mon sage frère cadet, pourquoi vous ai-je connu si tard, pourquoi nous quitter si tôt ? Tse-Tchi, en entendant ces paroles, ne put empêcher les perles de ses yeux de tomber dans sa tasse, et il but d’un seul trait avec ses larmes. Il versa ensuite une tasse pour Pé-Ya et la lui offrit. Tous deux sont très tristes de se séparer.

— Votre frère ignorant n’a pas pu encore vous exprimer tout le respect de ses sentiments. J’ai l’idée d’inviter mon sage cadet à voyager avec moi pendant quelques jours. Mais j’ignore s’il pourra y consentir ?


— Votre petit frère, répondit Tse-Tchi, voudrait bien pouvoir vous suivre, mais mes parents sont vieux. « Tant que le père et la mère existent, il ne faut pas entreprendre de longs voyages ».

— Ces deux nobles personnes sont encore dans votre maison ; vous leur demanderez la permission de venir me voir à Tsin-Yan. « On peut cependant voyager en certaines circonstances. »