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YU-PÉ-YA JETANT SA LYRE

que doit occuper le maître de la maison, puis il cria au serviteur d’apporter le thé. Et quand ils furent bu le thé, il commanda le repas.

— Profitons de l’occasion qui nous est offerte de causer ensemble, dit Pé-Ya. Cela ne vous déplaira-t-il pas ? et voulez-vous que ce soit sans cérémonie ?

— Je n’oserais pas être, en quoi que ce soit, d’un autre avis.

Le domestique avait emporté le précieux kin, disposé la table et servi le dîner.

Pé-Ya demanda encore :

— Alors, Seigneur, vous parlez le dialecte de Tson ? Je ne sais pas où se trouve votre illustre maison.

— J’habite non loin d’ici, répondit Tse-Tchi. Ce pays s’appelle Ma-Hine-Shan (Montagne du coursier paisible) ; le nom de mon village est Tsi-Tyé (demeure des sages) ; ma hutte se trouve là.

— Bien ! bien ! dit Pé-Ya, en hochant la tête. Quelle est votre élégante profession ?…

— Je ne fais pas autre chose que de couper du bois pour vivre.

Alors, en souriant, Pé-Ya dit :

— Monseigneur Tse-Tchi, l’humble magistrat craint de vous dire toute sa pensée de peur de vous blesser ; mais pourquoi un homme de votre talent ne brigue-t-il pas, dans le palais, une place digne de ses mérites, qui lui permettrait de laisser un nom illustre, qui serait plus tard gravé sur le bambou et