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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR

— Ah ! quelle beauté ! s’écria bientôt le bûcheron. Je vois le tumulte des eaux !…

Pé-Ya fut saisi de surprise. Il repoussa le kin et se leva, n’hésitant plus à accomplir envers son hôte les cérémonies de réception.

— J’ai manqué de respect ! J’ai manqué de respect ! s’écria-t-il. Le rocher recèle souvent un précieux morceau de jade ! Si on juge les hommes d’après leurs habits, est-ce qu’on ne risque pas de méconnaître le plus savant lettré du monde ? Seigneur, votre élégant prénom et votre noble nom de famille ?

Le bûcheron répondit en s’inclinant :

— Moi, pauvre homme, mon nom de famille est Tson, mon prénom Hoie, et mon surnom est Tse-Tchi.

Pé-Ya salua en soulevant ses poings :

— Ah ! vous êtes le seigneur Tson-Tse-Tchi ?

— Quel est le nom éminent de Votre Grandeur ? dit à son tour le bûcheron. En quel lieu occupez-vous une illustre situation ?

— Moi, humble fonctionnaire, je m’appelle Yu-Pé-Ya. Je suis ministre du roi de Tsin. J’ai été chargé d’une ambassade, et je passe, en m’en retournant, par votre glorieux pays.

— Ah ! je pensais bien que le seigneur Pé-Ya était un très puissant mandarin ! s’écria Tson-Tse-Tchi.

Pé-Ya invita le bûcheron à s’asseoir à la place qu’on offre au visiteur, et s’assit lui-même à la place