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YU-PÉ-YA JETANT SA LYRE

villes où s’attachent les cordes sont de Jade, les chevalets qui les soutiennent sont d’or. On compte douze chevalets, qui correspondent aux douze lunes de l’année, et un treizième qui figure la lune intercalaire.

« Autrefois, le kin n’avait que cinq cordes répondant aux cinq éléments : les métaux, le bois, l’eau, le feu et la terre, et aussi aux cinq tons de la gamme : Kong, San, Kio, Tse, Bu.

« Au temps de Yao et de Ghun, on touchait le kin à cinq cordes et l’on chantait les vers intitulés : NanFong (le Vent du Sud), et l’État était florissant.

« Plus tard, Wen-Yang, de la dynastie des Tchéou, qui avant d’être empereur, prisonnier à Kine-ly, était au service de la dynastie des Yuen, pour rendre hommage aux mânes de son fils Pé-hy-Ko, ajouta une corde à la lyre, à l’expression triste, pure, douloureuse, sombre. On l’appelle la corde de Wen-Wang ; son fils Wou, ayant détrôné et tué le dernier empereur des Chang, restaura la musique noble, en réprouvant la danse. Il ajouta encore au kin une corde, au son éclatant, qu’on appelle la corde de Wou. Le kin eut alors sept cordes.

« Il y a six états de choses redoutables au kin : le trop froid, le trop chaud, le grand vent, la grande pluie, l’orage, la neige.

« Il y a sept circonstances dans lesquelles il faut s’abstenir de toucher au kin : à l’annonce d’un deuil ; si l’on joue d’autre musique dans le voisinage ;