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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR


Vous avez joué jusque-là, vous n’avez pas dit le quatrième vers, mais je m’en souviens :


« Dans le monde il a laissé à jamais le nom d’un sage. »


Pé-Ya fut très heureux en entendant cette réponse, et il s’écria :

— Maître, il est certain que vous n’êtes pas un homme ordinaire ; mais vous êtes bien loin de moi et il ne m’est pas facile de causer.

Il ordonna alors aux marins de poser le pont volant et de tendre la gaffe qui sert de rampe, puis de prier l’inconnu de descendre dans l’habitacle afin de pouvoir tout à son aise approfondir la question. Les serviteurs exécutèrent l’ordre et l’homme monta sur le bateau.

C’était vraiment un bûcheron. Il était coiffé d’un chapeau en feuilles de bambous, et couvert d’un manteau de paille ; il s’appuyait sur une pique, avait sa large hache passée à sa ceinture et il était chaussé de souliers en jonc tressé.

Les domestiques, voyant cette tenue, le regardaient avec dédain et échangeaient entre eux des clins d’yeux.

— Hé ! bûcheron, par ici ! et en face de Monseigneur prosterne-toi. S’il t’interroge, fais bien attention à tes réponses, car c’est un très haut mandarin. Mais ce bûcheron était un homme de sens.

— Il est inutile d’être grossier, dit-il. Attendez que