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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR

tourner, cette façon de voyager conviendra mieux à ma santé.

— Je vous accorde votre demande, répondit le roi.

Et il ordonna au ministère des eaux de choisir deux grands navires ; le plus somptueux pour l’ambassadeur, l’autre pour sa suite et ses bagages.

Ces navires étaient entièrement peints et dorés, avec de hautes voiles, l’habitacle était garni de tentures et de portières brodées, de tapis et de meubles superbes.

Le jour du départ, tous les ministres conduisirent Yu-Pé-Ya jusqu’à l’embarcadère, et après, des souhaits de bonheur, le quittèrent.

Sans s’inquiéter des distances, Pé-Ya voulut visiter les plus beaux sites. La splendeur de la nature est ce qui s’accorde le mieux avec les sentiments de son âme poétique et élégante. On déploya les voiles, la proue du navire fendit les flots bleus ; les collines vertes s’étagèrent, l’eau pure s’étendit à perte de vue ; sollicité de toute part par tant de beauté, Pé-Ya ne savait de quel côté arrêter ses regards.

Avant la fin du jour il arriva au confluent du Yan-Tsé-Kiang et du Heu-Yan. C’était le soir du quinzième jour du huitième mois, au milieu de l’automne.

Mais voici qu’une tempête se lève ; l’eau s’agite, le pluie tombe à torrent, le bateau ne peut plus avancer, il s’arrête et jette l’ancre au pied d’une haute montagne.

Pourtant le vent cesse bientôt, les flots se calment,