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YU-PÉ-YA JETANT SA LYRE

nissait à l’envoyé l’occasion de revoir sa patrie : d’une seule flèche, il pouvait atteindre deux buts.

Il avait voyagé par terre pour se rendre à la capitale de Tsou. Il vit le roi et lui présenta son ordre de créance.

Pé-Ya fut reçu avec beaucoup d’égards, on lui offrit un festin et on donna des fêtes en son honneur. Mais se trouvant dans son pays natal, il était impatient de visiter les tombeaux de ses ancêtres, de saluer ses parents, ses amis, et de revoir aussi toute la contrée. Les devoirs de sa charge ne lui permettant pas de trop s’attarder, aussitôt les affaires publiques terminées, il demanda au roi son congé.

Pé-Ya reçut en présents des barres d’or, des satins, de toutes couleurs, finement brodés, une haute voiture et quatre chevaux.

Depuis vingt ans, il n’était pas venu dans son pays et se trouvait tout heureux ; mais une impatience le tenait, quand il songeait aux paysages, aux montagnes, aux superbes fleuves de sa patrie. Il était bien décidé à tout revoir, et il aurait voulu échanger sa voiture contre un navire, afin de regagner par eau, en faisant un grand détour, le royaume de Tsin.

Il dit alors au roi de Tsou :

— Je suis bien malheureux de ressentir une grande lassitude, comme les chevaux qui ont trop travaillé. Je redoute les secousses de la voiture. C’est pourquoi j’ose vous prier de vouloir bien me prêter des bateaux et des rameurs, pour m’en re-