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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR

est inspirée par la charité et la vertu : protection d’une part, gratitude de l’autre. La sympathie et le dévouement réciproque, c’est l’intimité des cœurs : Tse-Sin. Deux esprits qui s’apprécient, se pénètrent et s’accordent, sous une émotion commune, provoquée par la musique ; c’est l’amitié née de l’harmonie des sons : Tse-Yu.


Maintenant, auditeurs qui voulez m’entendre, prêtez l’oreille à cette histoire — que les autres fassent comme ils voudront. — Je conte ces aventures d’amis illustres seulement à qui m’est ami. À qui ne l’est pas, je ne dis rien :


Au temps des guerres, entre les royaumes qui formaient alors la Chine, vivait un grand dignitaire dont le nom de famille était Yu, le prénom Tseu (bonheur), et le surnom Pé-Ya.

Son corps était du royaume de Tsou, car il avait vu le jour à Yen-Fou, la capitale — ce pays fait partie aujourd’hui de la province de Hou-Fé, préfecture de Kar-Tsen — mais son étoile l’avait conduit dans le royaume de Tsin, où il était premier ministre.

Il atteignit encore un grade plus élevé en recevant un ordre royal, celui d’aller dans le pays de Tsou faire visite au souverain et lui porter des présents. Cette mission fut avantageuse à Pé-Ya qui, par ses talents, fit honneur à son roi, dont il exécuta tous les ordres à merveille. De plus, cette ambassade four-