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LE RAMIER BLANC
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PÉ-MIN-TCHON, souriant.

Je m’efforcerai d’être digne de cette trop flatteuse opinion.

SIAO-MAN

Mais… J’y songe… cher frère… Pourquoi n’épouserais-tu pas ma sœur… ? Elle serait entre nous un lien, indissoluble ! (Pé-Min-Tchon, baisse la tête.) Elle est vertueuse et douce ; ses doigts font naître le printemps sur le métier à broder ; elle sait lire les poètes et expliquer les philosophes ; elle compose même des vers agréables et les chante d’une voix claire, en s’accompagnant du pi-pa à trois cordes.

PÉ-MIN-TCHON

Arrête, ami ! ne me parle plus de ta sœur, sous peine de l’offenser. Je ne dois pas penser à elle ; je ne puis l’épouser…

SIAO-MAN

Mon Dieu !

PÉ-MIN-TCHON

Je suis engagé.

SIAO-MAN

Ah ! qu’ai-je fait !

(Elle se laisse tomber sur le banc et cache son visage dans ses mains.)
PÉ-MIN-TCHON

Comment ! tu pleures ? En quoi ai-je pu t’affliger si fort ?

SIAO-MAN, à part.

Quelle honte !