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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR

sans doute. Alors je lui dirai : Seigneur, est-ce toi qui a laissé là ce livre ? Il faudra dire cela d’une voix ferme, mâle… je n’oserai jamais. Je tremble déjà comme s’il faisait froid. Ah ! il faut aussi prendre une posture d’homme !… Voyons. (Elle prend une position.) Non, je ne dois pas tenir mon pied dans ma main ; c’est un geste de femme coquette. (Elle change de pose.) Jamais je n’ai vu un homme s’asseoir ; il me semble que sur les peintures, je les ai vus représentés ainsi ; il vient ! Je vais mourir de peur ; mon cœur est comme un oiseau pris au piège.


Scène IX

PÉ-MIN-TCHON
PÉ-MIN-TCHON

Elle a fui vraiment plus vite qu’une hirondelle, et me voilà tout essoufflé, (il aperçoit Siao-Man.) Tiens ! on m’a pris mon banc (Il examine Siao-Man à la dérobée.) C’est sans doute un jeune homme de la ville. Il est ma foi charmant, et son air modeste prévient en sa faveur. Si j’essayais de lier connaissance avec lui, il pourrait peut-être, indirectement, me renseigner sur ce que je désire tant savoir.

SIAO-MAN, à part.

Il faut que je lui adresse la parole.

(Pé-Min-Tchon s’avance et salue. Siao-Man se lève et salue aussi.)