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LE RAMIER BLANC

tendre de son fiancé avant le soir des noces, ou fait aucune démarche contraire aux convenances, ne peut plus être prise que pour épouse de second rang ? Tu as l’air maintenant d’un oiseau souillé de boue, d’une fleur écrasée par le pied lourd d’un passant, et tu as perdu ton prix comme une étoffe tachée d’huile.

(Siao Man se cache le visage dans ses mains.)
FAN-SOU, adoucie.

Tu pleures ? (Elle s’approche d’elle.) Tu ne vois donc pas que je plaisante ? Je voulais te faire peur, pour te punir de t’être ainsi cachée de moi. Pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu aimais ce jeune homme ? Si tu l’aimes, il faut l’épouser, voilà tout. S’il n’a pas vu ton visage, puisqu’il ne sait pas qui tu es, rien n’est perdu encore.

SIAO-MAN, recueillant ses larmes du bout de ses longs ongles.

L’épouser ! Mais, ma chère Fan-Sou, comment pourrais-je me marier ? Tu sais bien que je n’ai pas d’autre parent que ma tante, qui, depuis trois ans n’a pas donné de ses nouvelles et qui, peut-être, est morte. Qui donc pourrait faire, selon les rites, des propositions de mariage, à ce jeune homme ? Qui pourra l’empêcher de quitter ce pays pour toujours ?

FAN-SOU

En effet, je ne vois pas trop ce qui pourrait le