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LE RAMIER BLANC
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depuis quelque temps dans la pagode voisine et auquel, malgré moi, je pense sans cesse comme à un fiancé. Hélas ! il va sans doute repartir bientôt, pour toujours, et il n’est aucun moyen de le retenir. Qui sait ? S’il trouvait sur le seuil de sa porte ce sachet de soie violette, s’il voyait les oiseaux symboliques, s’il lisait les quatre vers que j’ai brodés sur l’étoffe, il penserait que quelqu’un s’intéresse à lui dans ce pays et, peut-être, il retarderait son départ de quelques jours.

(Elle remonte vers la pagode.)

Sa lampe jette une lueur pâle à travers le papier transparent des fenêtres. Il veille : l’amour de l’étude emplit son esprit et il dédaigne de dormir.


Scène II

SIAO-MAN, FAN-SOU.
FAN-SOU, dans la coulisse.

Maîtresse ! maîtresse ! où es-tu ? Maîtresse ! réponds-moi !

(Elle entre avec une lanterne à la main et cherche tout autour de la scène.)
SIAO-MAN, à part.

Ciel ! Fan-Sou.

(Elle cache le sachet dans sa manche et redescend la scène.)