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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE

commerce fructueux : tu es trop jeune pour t’en tenir aux avantages matériels que te donne ta tunique.

BAMBOU-NOIR

Mais les risques à courir ! Je peux tout perdre.

(Ils continuent à causer entre eux.)
ROUILLE-DES-BOIS, au premier plan, à part.

Trois cents liangs ! Malgré une sage économie, je ne puis dépenser moins, en une année, pour notre nourriture ; donc, la première année, je ne perdrai rien ; la seconde, je gagnerai trois cents liangs, la troisième, avec les intérêts…

(Il prend un instrument à calculer et compte tout bas avec une grande rapidité.)

— Mon oncle fait des calculs, il est pris, murmura la jeune fille en souriant.

ROUILLE-DES-BOIS, regardant la doublure toute pelée de son habit, à part.

Cette peau de mouton ne vaut pas grand’chose, elle n’ira pas loin. Voilà tantôt dix ans que je songe à la remplacer. Cela deviendrait inutile.

LE PRUNIER, bas, à Rouille-des-Bois.

Profitez d’un moment d’hésitation pour engager sa parole. Nous l’avons presque décidé, car il a envie d’acheter un fonds de commerce ; pensez à tout l’argent que vous épargneriez.