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forme d’étoiles, ou d’aigrettes délicates, légères comme le duvet d’un jeune canard, ne laissaient qu’un étroit passage aux barques qui amenaient des clients à l’auberge. L’habitation ne se montrait qu’à demi sous les longues branches plates du cèdre centenaire qui s’étendaient sur elle, et à travers le fouillis des plantes grimpantes entortillées à ses minces piliers de bois. Sur l’angle de la large toiture, qui s’avançait au-dessus d’une galerie extérieure, un faisan lissait au soleil ses plumes dorées ; tout à l’entour la frondaison était épaisse, impénétrable aux regards.

À un cri, poussé par les rameurs, une jeune servante, vêtue d’une robe de coton bleu et coiffée d’un grand chapeau, en paille de bambou, rabattu par un cordon sur les oreilles, sortit de la maison : l’hôte s’avança à son tour, l’éventail à la main, saluant tout en marchant.

« Ah ! ah ! disait-il, quel heureux événement, quel honneur pour mon auberge que la visite d’aussi nobles seigneurs ! »

Et, relevant un peu sa robe, il s’accroupit sur ses talons pour attacher à un pieu la corde du bateau. Les jeunes gens sautèrent à terre et entrèrent dans l’auberge où ils se débarrassèrent de leurs sabres, de leurs lourds chapeaux en laque noire décorée seulement d’un léger ornement d’or : papillon ou fleur ; puis, après avoir bu une tasse de saké, ils s’engagèrent tous deux dans une allée ombrageuse.

« Si elles allaient ne pas venir ! dit Boïtoro.