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os et la chair ; la sixième rend le buveur pareil aux génies immortels ; à la septième, une brise caresse vos bras, vous soulève, on va s’envoler… » À mesure que l’arbrisseau précieux a prospéré chez nous, le même enthousiasme s’est développé et on a toujours attaché une grande importance à la culture, à la conservation et à la préparation du thé.

Pendant les violentes et longues guerres civiles qui troublèrent le Japon vers le quinzième siècle, les mœurs s’étaient singulièrement modifiées : l’esprit soldatesque, la rudesse, la brutalité régnaient en maîtres. On eut l’idée d’introduire dans les camps l’usage de la Tcha-no-you, cérémonie du thé (littéralement : « l’eau du thé »), afin de ramener dans les relations entre les hommes la douceur, l’urbanité, la délicatesse d’autrefois. La tentative eut le meilleur résultat.

— Comment cela se peut-il ? Par quel pouvoir singulier l’eau du thé a-t-elle suffi pour réformer l’éducation de grossiers soldats ?

— Quand vous aurez vu, vous comprendrez, dit Komiozi. Je vais m’occuper des préparatifs, et nous prendrons jour. »


Hélas ! des circonstances imprévues rappelèrent brusquement mon ami Mitsouda Komiozi à Tokio d’où il ne revint pas. La Tcha-no-you garda pour moi son mystère.

Aussi, quelle double joie quand je vis, au bas de