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suppliait ses juges de remplacer les neuf années de prison, qui allaient priver sa mère et sa fille de son travail, par les plus horribles tortures que l’on pourrait inventer, mais qui, au moins, ne dureraient pas neuf ans. À son grand chagrin, on lui a refusé, et on n’a jamais pu lui faire comprendre que la torture est abolie au Japon.

Et l’infortunée victime, qui s’est si généreusement donnée en pâture, et n’a même pas guéri sa belle-mère ! Son ombre, plaintive et désolée, erre certainement autour de son époux captif, et elle apparaît aussi, sans doute, aux sévères magistrats qui ont si cruellement blâmé sa mort volontaire, car c’est dans la tradition que les ombres des mortes mécontentes reviennent demander justice.


les fêtes

Les Japonais aiment à se réjouir, et tout prétexte leur est bon pour célébrer des fêtes. En première ligne viennent celles du nouvel an, où tout le peuple est confondu ; seigneurs et paysans, nobles dames et bourgeoises, pataugent à qui mieux mieux dans la neige fondue, en quête d’amusements. Elles se terminent, après un mois, par la Fête des Apprentis. On décorait les maisons de pins, de homards, symboles d’une longue vie, et d’oranges et l’on échangeait des présents. On faisait la veillée de la Saint Sylvestre tout comme chez nous, et le jour paru, au son des gongs et