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De La Force Physique

Les maîtres d’armes étaient de vieux guerriers qui ne connaissaient point l’attendrissement, et la première leçon laissait le pauvre novice épuisé, presque inerte. Dès le lendemain, il recommençait, et l’entraînement aidant, il supportait bientôt sans peine ces rudes exercices qui faisaient de lui un lutteur émérite, également insensible à la fatigue et à la douleur. Cette éducation était précieuse chez ce peuple belliqueux, et une armée formée de telles unités était invincible. Les anciens combats d’athlètes existent toujours chez ce peuple martial qui n’a pas dégénéré, comme en témoigne la dernière guerre… L’arène où se tiennent ces jeux se nomme E-Ko-Ine ; elle est située dans l’enceinte du Temple de l’Heureux Retour près du pont des Deux Contrées.

L’arène circulaire n’est séparée de la rue que par des murs de nattes suspendues à des pieux. Il y a deux étages de loges auxquelles on arrive par des échelles et qui sont toujours combles. Les pauvres qui ne peuvent aspirer à des tribunes, se tiennent appuyés au rebord des loges, ou tout simplement prennent le sol pour siège.

Le champ de lutte est couvert de sable fin et deux rangées de sacs remplis de terre en marquent les limites. Les athlètes arrivent, grands et gras, de vrais géants, si on les compare aux autres Japonais, et vêtus seulement d’un tablier à frange, richement brodé.