Page:Gautier - Le Japon (merveilleuses histoires), 1912.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
Le Japon

un grand nombre de principautés. Après des luttes intestines qui durèrent assez longtemps, le sceptre demeura aux mains d’un seul homme ayant sous lui des vassaux nombreux. Ce fut le régime de la féodalité.

Le Mikado était à la fois le Souverain et le Père de son peuple : c’est dire que son pouvoir était illimité. Trop auguste pour se laisser contempler par des yeux profanes, il ne se montrait jamais, vivant retiré au fond de son palais de Kioto. Il communiquait avec ses sujets par l’intermédiaire du Shogoun ou Taicoun, auquel il dictait ses volontés. Le shogounat devint bientôt héréditaire et ce qui n’était, au début, qu’une fonction, se transforma, peu à peu, en une royauté réelle et puissante.

Les grands vassaux, propriétaires de fiefs considérables se nommaient Daimio ; au-dessus d’eux, il y avait les Samuraï, officiers nobles, mais souvent très pauvres. Le commerce leur était interdit. Enfin, au dernier rang, les marchands et le bas peuple.

Cet état de choses dura fort longtemps et les révolutions n’attentèrent, pour ainsi dire pas, à l’ordre établi. De nos jours, seulement, en 1868, le Japon subit une transformation politique. Las de n’être plus qu’une formule, sans vie, sans pouvoir, le Mikado rompit les barrières qui, sous prétexte de le garantir contre la désécration, le retenaient prisonnier. Il fit lui-même une révolution, et prit d’une main ferme les rênes du gouvernement. Il conduit un peuple toujours