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pas de chef, avaient choisi notre maître pour empereur !

— Remercions les pieds de Koan-In ! dit Ko-LiTsin en battant des mains, et il ajouta, enthousiaste :

Ta-Kiang marche ? Devant lui les obstacles s’évanouissent et les murailles s’écroulent.

Ta-Kiang montre sa face superbe ? Tous les hommes s’agenouillent dans la poussière de ses souliers.

Déjà le laboureur de Chi-Tsé-Po est l’égal du Fils du Ciel ; bientôt il aura conquis Pei-King,

Bientôt l’empire, bientôt le monde ! Sa gloire fera tressaillir tous les peuples,

Et le Dragon l’ira proclamer aux immortels dans les nuages !


Ko-Li-Tsin se leva tout ému ; ses petits yeux brillants s’ouvraient et se fermaient avec rapidité, et il étendait les bras comme un guerrier victorieux. Yo-Men-Li, accoudée à la table, cachait son visage dans ses mains ; elle sanglotait tout en riant.

— Mais toi, petite, reprit le poète, comment et pourquoi es-tu ici ?

— Tu le sauras, dit la jeune fille en relevant la tête. Le Grand Bonze m’a dit : « Jeune homme, es-tu capable d’accomplir une action terrible pour concourir aux victoires de Ta-Kiang, ton maître ? » J’ai dit : « Oui » ; et le Grand Bonze a ajouté : « Suis donc le mandarin Kouang-Tchou, Chef des Dix Mille