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écarlate, au bouclier bosselé d’une tête de tigre qui grimace.

Autour de l’Enceinte Sacrée se répandent et scintillent les monuments de la Cité Jaune ; tout près, sur une éminence voisine, émerge du feuillage la Tour blanche, monument Bouddhique de forme bulbeuse ; plus loin, laquées de cinabre ou de vert émeraude, les pagodes lèvent leurs triples toits azurés et tordent les spirales de leurs colonnes ; partout des globes d’or, des dragons de bronze ou de jade, des corniches à jour et des flèches claires ; des tours, des pavillons, des portiques et des kiosques s’étagent ; au milieu d’eux reluit la Mer du Centre, qu’on appelle aussi l’Océan de Jade, grand lac limpide qui frissonne entre de vieux saules échevelés, et, d’une île verdoyante de robiniers et d’ifs, s’élance un pont de marbre sculpté ; vu d’en haut, il semble un ruisseau de lait qui coulerait dans l’air. Sous ce pont : le Pont du Fleuve de Jade, fourmillent, parmi les sagittaires et les lotus, de merveilleux canards aux plumes d’or, des poules d’eau et des sarcelles.

Plus loin, c’est la Cité Tartare avec ses rues chamarrées et fourmillantes, ses toits brillants, ses dômes couleur d’émeraude et ses gracieuses portes triomphales. À l’est, la grosse Tour de la Cloche de Bronze, pareille à un géant, se dresse au-dessus des murailles ; cette cloche, la première, frappe les veilles et c’est un signal entendu par tous les veilleurs de la ville ; au nord, près de la pagode de Koan-In, brille le Lac des Roseaux, couvert de