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maient sa face sereine, et son épaisse lèvre éclatait comme une fleur écarlate sous une noire moustache, mince et tombante selon la mode tartare.

Il avait revêtu le costume majestueux des cérémonies illustres. Sous un manteau de satin jaune aux vastes plis et dont les manches longues prenaient en s’achevant la forme d’un sabot de cheval, un plastron qui montre, en or et en argent, l’image du dragon Long décorait la poitrine impériale. Plus bas étincelait le damas bleu d’une robe. Une agrafe de jade fermait une ceinture parmi les enroulements d’un collier fait de grosses boules de corail rose qui descendait jusque vers le ventre vénérable ; et le front souverain resplendissait sous la haute coiffure de brocart d’or semée de perles, d’où s’élancent vers la gauche deux longues plumes de paon retenues par une boucle de saphir, tandis que le sceptre tortueux, en jade pur, chargeait le bras auguste.

Tel était Kang-Shi, troisième empereur de la dynastie des Tsings, pendant que la victoire et la défaite jouaient aux dés dans la poussière rouge des champs de bataille ; tel il brillait dans la salle de la Paix Lumineuse, sur le trône hautain qui enfonce ses quatre pieds dans un tapis en poils de chamelle, et dont le dossier large se glorifie d’une peau de dragon marin, tandis que deux grands éventails en plumes de paon palpitent à droite et à gauche, non loin de quelques cassolettes doucement vaporeuses.

Près du trône, sur des sièges gradués, brillaient plus obscurément les grands dignitaires de l’empire. À la gauche illustre du Fils du Ciel s’épanouissaient