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CHAPITRE II


PEI-KING


Un voyageur traversait une grande plaine, non loin du Fleuve Blanc, et

c’était à l’heure où la lune s’allume mélancoliquement dans le crépuscule du soir, et il vit une grande lueur du côté de l’orient.

« Oh ! oh ! se dit-il, voici un pays étrange, un pays certainement plus étrange que tous les pays où j’ai voyagé jusqu’à ce jour ; car, ici, c’est à l’orient que le soleil se couche. »

Et s’adressant à un homme, qui harcelait d’un aiguillon de bambou un troupeau de buffles noirs : « Quel est donc ce pays, dit-il, où le soleil se couche du côté de l’orient ? »

« — Sou-Tong-Po lui-même n’a jamais vu de pays où le soleil se couche du côté de l’orient, et ce que tu prends pour le coucher miraculeux d’un astre, c’est la splendeur de Pei-King », dit le pâtre.


De coteau en coteau, de vallée en vallée, le voyage fut long. Le soleil se leva, se coucha, se leva. Point