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CHAPITRE XXVII


LE DRAGON IMPÉRIAL


Nul n’ignore que si l’ombre d’un homme prend la forme d’un dragon qui suit humblement les pas de son maître, cet homme tiendra un jour dans sa main la poignée de jade du sceptre impérial.

Mais nulle bouche ne doit s’ouvrir pour révéler le miracle qu’ont vu les yeux ; car la destinée serait renversée et une nuée de malheurs descendrait du ciel.


Le vaste champ dallé sur lequel s’ouvre le Portique du Sud n’était que fumée, hurlements, fureurs. Parmi des ruissellements rouges, les bottes de guerre déchiraient des cadavres. Les blessés, renversés, mordaient les jambes de leurs compagnons, qui marchaient sur des plaies. Des fusées bruyantes trouaient, des flèches promptes sillonnaient la vapeur de sang et de poudre dont s’enveloppent les combats, et qui, traversée de soleil, semblait un nuage d’or.