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ton armée attaqueront en même temps les quatre portes de la Cité Sacrée. Mais il faut, avant le combat, rendre à Koan-Ti les honneurs convenables ; tu as retardé jusqu’à ce jour la cérémonie qui lui est chère entre toutes ; si tu l’omettais plus longtemps, le Pou-Sah des batailles pourrait se retirer de toi.

— Tu as bien parlé, dit Ta-Kiang, qu’on se hâte !

— As-tu choisi, Souverain Céleste, le guerrier à qui est réservé le suprême honneur ? Plusieurs Chefs sont là ; ils veulent supplier l’auguste maître de désigner l’un d’entre eux.

— Introduis-les, dit Ta-Kiang.

Cinq Chefs entrèrent et précipitèrent leurs fronts aux pieds de l’empereur.

— Seigneur Sublime ! cria l’un, glorifie mon nom ! Je n’ai jamais couché dans un lit, ni bu dans une tasse, et mes deux sabres sont rivés à mes mains.

— Splendeur Éblouissante ! dit un autre, choisis-moi. Le sang que ma lance a fait répandre à l’ennemi noierait toute une armée.

— Lumière Inextinguible ! dit le troisième, à quoi sert, si la clémence de ta justice ne me désigne pas, d’avoir déchiré du talon plus de ventres fumants qu’il n’y aura d’empereurs chers à Tien dans ta précieuse dynastie ?

— Rayonnement de la Raison ! dit le quatrième, j’ai pris cinq villes et ravagé dix villages, tuant les hommes, outrageant les jeunes filles ; les malédic-