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CHAPITRE XXV


LE POU-SAH ROUGE


Koan-Ti, le Pou-Sah terrible, aime le rire des blessures ; il aime qu’on s’égorge dans les plaines brûlantes ;

Il aspire avec délices le sang qui fume et l’odeur des batailles ; mais ses narines palpitent d’un plaisir que ne leur procure aucun autre massacre

Lorsque monte vers elles le parfum courageux que laisse échapper le cœur percé du plus brave.


Devant la Porte Méridionale, Ta-Kiang avait élevé sa tente, car il ne voulait entrer dans la Ville Rouge, éminence souveraine qui domine le monde, qu’au son du gong d’or, par le portail d’honneur. Autour de lui se groupait l’élite de son armée, remplissant la grande place qui précède les portiques et se répandant dans les larges rues voisines. Les soldats étaient couchés sur la terre ou assis au bord du fossé ; ils n’avaient pas dressé leurs tentes parce que