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fière de redresser enfin leur tête et leur dos, courbés depuis si longtemps. Comme des familles rapaces fabriquent dans des pots de porcelaine de déplorables nains, on voulait faire des Tartares avec les Chinois. Mais voici que les fils de la Grande Patrie brisent le vase, redeviennent eux-mêmes ; et ceux qui voulaient les torturer et les falsifier vont à leur tour se courber et s’amoindrir.


Ô enfants de la grande Patrie du Milieu ! depuis quand êtes-vous humiliés et soumis ? Depuis quand vos larmes séchées gercent-elles vos joues amaigries ?

Dans votre propre palais vous êtes esclaves, et vous exécutez ce que vous devriez ordonner.

Le vent a soufflé, et la poussière de Tartarie s’est abattue cruellement et a dévasté les fleurs et les épis.

Mais la pluie, longtemps attendue, tombe enfin abondante, et les fleurs, secouant leurs souillures, reparaissent fraîches et vivaces.


— Voici un homme trop éloquent, dit le religieux, qui cette fois n’avait pas reconnu l’orateur.

Il entra sous la porte de la Ville Jaune, et en passant devant le pavillon des soldats tartares il y frappa.

— Traîtres ! leur dit-il, que faites-vous donc là, inutiles, insoucieux et couchés comme des bœufs qui attendent le coup de massue du boucher ?

— Que veux-tu que nous fassions ? dit un jeune