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Que ceux qui vendent et que ceux qui achètent écoutent attentivement ! Ayant songé, dans notre prévoyance paternelle, que l’impôt sur la terre productive était, sous l’ancienne dynastie, d’une exigence exagérée, et sachant que cet impôt pèse spécialement sur les Cent Familles, par la raison que le cultivateur, opprimé et forcé de donner le meilleur de son gain, vend alors, pour ne rien perdre, les produits indispensables le double de leur valeur, et force celui qui a peu de fortune à une sobriété de solitaire ; voulant faire cesser ce déplorable état de choses, avons ainsi réduit l’impôt pour l’avenir : au lieu de payer cent tsiens par mo, on ne payera plus que cinquante tsiens dans les années heureuses, et dans les années de sécheresse le cultivateur sera dispensé de tout impôt. Vous qui écoutez, réjouissez-vous et respectez ceci ! »

— Bien ! bien ! dirent les auditeurs. En haut les Mings !

Quelqu’un cria cependant :

— Les nouveaux venus promettent beaucoup et souvent tiennent peu.

— Ta-Kiang n’est pas un traître, dit l’orateur. Non seulement il tient ce qu’il promet, mais il donne ce qu’il n’a pas promis. Tiens, à toi, que te doit-il ? Rien. Pourtant il te fait présent de cinquante liangs d’or.

La vieille femme se baissa, ouvrit le sac et en tira cinquante liangs d’or, qu’elle remit à l’interrupteur.

— Voilà un homme habile ! dit le religieux en continuant sa route d’un air chagrin.