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de feuilles sèches formait le lit, deux rochers étaient le siège et la table ; pour tout ustensile, une écuelle de porcelaine ébréchée ; mais les parois de rochers lisses étaient creusées de ces maximes célèbres :


Le Ciel n’a pas de parents, il traite également tous les hommes.

Le sage fait le bien comme il respire ; c’est sa vie.

Qui trouve du plaisir dans le vice et de la peine dans la vertu est encore novice dans l’un et dans l’autre.

Accueillez vos pensées comme des hôtes, et traitez vos désirs comme des enfants.


— Écoute, dit le philosophe, lorsque Kang-Shi se fut assis sur une pierre. L’erreur n’a qu’un temps ; mais quelquefois lorsqu’elle se dissipe, il est trop tard pour réparer les maux qu’elle a causés. Pendant que tu chasses joyeusement dans la Vallée du Daim Blanc, ton empire s’écroule.

— Que dis-tu ? s’écria Kang-Shi en se levant.

— Je dis, reprit le Solitaire, que tes mandarins te trompent en te disant que la Patrie du Milieu est calme. Si tu passais trois jours à la chasse comme tu l’as décidé, tu trouverais à ton retour un usurpateur assis sur ton trône.

— Oh ! les traîtres maudits ! s’écria l’empereur.

— Pendant que tu étais calme et ignorant dans ton palais, une armée formidable marchait vers ta capitale, prenant les villes sur sa route, tuant, sac-