Il ne faut rendre aux vainqueurs que des honneurs funèbres.
Hurlants, hideux, farouches, sanglants déjà, deux cent mille guerriers emplissent la grande plaine qui environne Sian-Hoa, la Ville Parfumée. Quels sont ces hommes ? Ceux-ci, aux visages blêmes, viennent du Nord infertile ; ils ont laissé les champs pierreux qui résistaient à leurs bêches, ouvert l’étable aux bestiaux maladifs et abandonné leurs vieux parents dans les cabanes ; ceux-là viennent du Sud brûlant, où les épis se calcinent sous le soleil ; exaspérés par la famine, après avoir tué leurs femmes et leurs enfants, ils ont fui l’implacable sécheresse ; leur taille est haute, leur corps maigre, leur face a la couleur du cuivre. Tumultueux comme la foudre, les uns, pirates redoutés, sont venus de la mer ; ils sont ambitieux et braves. D’autres sont des bandits des montagnes : ils luttaient avec les grands ser-