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CHAPITRE XIX


TA-KIANG SE RÉVOLTE CONTRE LE CIEL


Il ne faut rendre aux vainqueurs que des honneurs funèbres.


Hurlants, hideux, farouches, sanglants déjà, deux cent mille guerriers emplissent la grande plaine qui environne Sian-Hoa, la Ville Parfumée. Quels sont ces hommes ? Ceux-ci, aux visages blêmes, viennent du Nord infertile ; ils ont laissé les champs pierreux qui résistaient à leurs bêches, ouvert l’étable aux bestiaux maladifs et abandonné leurs vieux parents dans les cabanes ; ceux-là viennent du Sud brûlant, où les épis se calcinent sous le soleil ; exaspérés par la famine, après avoir tué leurs femmes et leurs enfants, ils ont fui l’implacable sécheresse ; leur taille est haute, leur corps maigre, leur face a la couleur du cuivre. Tumultueux comme la foudre, les uns, pirates redoutés, sont venus de la mer ; ils sont ambitieux et braves. D’autres sont des bandits des montagnes : ils luttaient avec les grands ser-