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— Elle contient un appartement pour les femmes, une boutique et des caves.

— Les caves sont-elles grandes ? demanda le vieillard.

— Grandes et solidement fermées.

— Je te donne quatre cents pièces de ta maison, car je suis las de courir et de chercher.

— Si tu n’étais pas un homme vénérable, dit le propriétaire, je ne consentirais jamais à ce marché désastreux ; mais, par respect pour ton âge, j’accepte.

— Je te remercie, dit A-Po.

Son épouse lui tendit un sac d’où il tira quatre cents pièces. Sin-Tou, après les avoir comptées lui-même, alla chercher les clefs de la maison ; puis le vieux et la vieille s’éloignèrent en titubant.

Le lendemain, dès le lever du jour, trois ânes pelés qui trébuchaient à chaque pas défilèrent dans la Ruelle de Kou-Toung ; ils étaient chargés de grands sacs gris qui semblaient fort pesants. A-Po tirait les bêtes par une corde et la vieille femme les suivait, armée d’un bambou. Ils s’arrêtèrent devant leur maison, déchargèrent péniblement les ânes et transportèrent un à un les sacs à l’intérieur ; puis ils partirent. Une heure plus tard, ils revinrent avec les ânes non moins chargés. Vingt fois au moins dans la journée la même manœuvre fut répétée, et le soir Sin-Tou, assis devant sa porte, se disait :

— Ce vieillard est plus riche qu’il ne voulait le dire ; il possède beaucoup de ferraille.