— Tu n’es pas blessé ? dit Yu-Tchin.
— Non, dit le poète ; mais je ne puis t’aider ; je suis dans une obscurité complète.
— Retire-toi promptement ! s’écria Yu-Tchin avec effroi ; le piédestal va tomber sur toi !
Elle recula elle-même. Un énorme monceau s’effondra lentement.
— Il est mort ! dit Yu-Tchin, l’œil hagard.
Elle restait immobile, regardant avec fixité le trou béant. Mais soudain elle entendit nettement la voix de Ko-Li-Tsin qui lui disait : « Viens-tu ? »
— Ah ! tu es encore vivant, mon époux chéri ! Où es-tu ?
— Dans le noir, dit Ko-Li-Tsin ; apporte ta lanterne.
Les pierres en s’écroulant avaient formé une pente douce qui s’enfonçait sous la terre. Yu-Tchin, tremblante, se laissa glisser ; elle se trouva bientôt dans un souterrain qu’illumina la lueur de sa lanterne.
— Où sommes-nous ? dit Ko-Li-Tsin. Ah ! Koan-In nous protège ! Car voici le trésor, le merveilleux trésor !
En effet, de tous côtés s’alignaient de grands bassins d’argent pleins de poudre d’or ; dans des vases de jade scintillaient des saphirs ; des Dieux en argent massif, accroupis face à face, formaient une longue allée brillante, et, au milieu du souterrain, sur une estrade, s’ouvrait un vaste coffre de laque rempli jusqu’au bord d’un éblouissement miraculeux de liangs d’or.