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des terrasses, descendre les dix étages de la tour, étrangler les soldats, et enfin exécuter l’ordre du maître. Ta-Kiang est glorieux, vainqueur, chef d’une armée terrible ; toi, qu’auras-tu fait dans toute cette gloire ? Tu n’as pas même pu sauver Yo-Men-Li ; et peut-être vas-tu causer la perte de l’empereur. Lors qu’il frappera aux portes de Pei-King en disant : « C’est moi ! » tu ne seras pas là pour lui ouvrir, et s’il te demande : « Où sont tes soldats ? » tu lui montreras Yu-Tchin armée d’une pioche.

— Mais qu’as-tu donc, maître ? dit en tremblant Yu-Tchin. Pourquoi es-tu si désespéré en face de ces ruines ?

— C’est qu’il y avait sous la pagode un trésor qu’on m’avait confié, et sans lequel je ne puis rien faire, répondit Ko-Li-Tsin. Je pleure de le voir englouti.

— Si le feu, dit Yu-Tchin, n’a pas brûlé le trésor nous le retrouverons sous les décombres.

— Tu as raison ; mais il faudrait plusieurs hommes robustes pour soulever cette montagne de pierres écroulées, et je ne peux dire mon secret à personne.

— Essayons, tout seuls, dit Yu-Tchin. Il n’est sans doute pas indispensable de soulever les pierres. Nous pourrons peut-être nous glisser à travers les interstices de l’écroulement et arriver jusqu’au trésor.

— Essayons ! dit Ko-Li-Tsin. Je suis fou de me décourager. La prison m’a affaibli l’esprit. Allons bonne Yu-Tchin, quand nous devrions être écrasés